L’église Saint-Laurent de La Roche-de-Rame

L’église est ouverte tous les dimanches de juillet-août de 15h à 18h en présence d’un.e bénévole de l’Association Patrimoine de La Roche-de-Rame.

« En pénétrant les yeux, la beauté éveille le cœur à l'amour, et, hors l'amour, rien ne vaut. »

C'est le sculpteur Auguste Rodin qui nous convie ainsi à partager la joie qu'il goûtait à visiter les églises et chapelles des Hautes-Alpes.

Un peu d’histoire

Avant le XIIe siècle, L’Argentière, Freissinières, Champcella et la Roche en Embrunois, appartenaient au mandement de Rame.

Le bourg de Rame, chef-lieu du mandement de Pallon, sera détruit par les inondations de la Durance en 1202. Jusqu’au XIVe siècle, le village de La Roche ne forma qu’une communauté avec Champcella et Freissinières. En 1444, Rame perd son titre de paroisse (deuxième inondation de la Durance), les habitants s’enfuient. La paroisse est transférée à La Roche en Embrunois. Sous l’épiscopat de l’archevêque d’Embrun Jean Bayle (1457-1494), eut lieu la réorganisation des paroisses et la reconstruction des églises.

À partir de 1450, apaisements et prospérité naissent dans nos vallées alpines. Dans ce siècle marqué par une nette renaissance économique, naît le premier art roman méridional en Lombardie. Notre église actuelle va être placée sous le vocable de Notre-Dame, peut-être une influence due au rayonnement de la cathédrale d’Embrun, Notre-Dame du Réal.

Le terrain fut probablement donné par quelques nobles qui espéraient ainsi avoir leurs péchés remis, et par les Chevaliers de l’ordre de Saint Jean de Jérusalem présents à l’Argentière et unis à la commanderie d’Embrun. La croix de cet ordre située dans le chœur en témoigne.

Architecture

L’église actuelle, qui se démarque de la plupart des églises de la région, avec son clocher-mur à quatre cloches, date du XVe siècle. En 1595 l’archevêque d’Embrun écrit que 80 églises ont été reconstruites dans son diocèse .

L’église de la Roche a un plan basilical (un rectangle) avec une nef et un chœur. La tribune est construite au XVIe siècle et démolie en 1960 (Vatican II). La nef se compose de deux travées voûtées sur croisées d’ogives épaisses à trois nervures qui retombent sur des colonnes circulaires coiffées de chapiteaux en marbre rose de La Roche. Les sculptures des clés de voûte représentent un Agnus Dei, symbole du Christ, une feuille de laurier symbole de la paix, un bélier, rappel du sacrifice d’Abraham.

Les arcatures ou frises lombardes sur les murs ainsi que les protomés animaliers situés au dessus du portail d’entrée ( chamois et bouquetins) témoignent de l’influence italienne.

La porte en plein cintre était ornée de colonnes en retrait, aujourd’hui disparues.C’est en 1886 que le père Pascallon, curé de la paroisse, voulant donner du jour au fond de l’église, fit percer l’imposte actuelle.

Le nœud de Salomon présent sur le porche symbolise la force de l’Église. L’alpha et l’oméga le début et la fin.

 

Les peintures murales

Elles ont été restaurées en 1979. Elles évoquent la vie de saint Pancrace ainsi que les martyrs de saint Hippolyte et de sainte Catherine d’Alexandrie. Les deux apôtres, conservés sur le mur sud du chœur, peuvent dater du dernier tiers du XVe siècle.

Huit panneaux du début du XVe siècle décorent le mur sud de la deuxième travée de la nef. À gauche figurent six épisodes de la vie de saint Pancrace : le pape Corneille enseigne l’adolescent et son oncle Denis dans la foi chrétienne ; il les baptise ; saint Pancrace, à cheval, fait face aux soldats; il parle avec les trois autres cavaliers ; le jugement ou le martyre du saint ; la scène du parjure relatée par Grégoire de Tours selon qui les parjures conduits sur le tombeau du martyr par leurs juges mouraient subitement après que leurs mains se soient desséchées.

C'est une grande émotion que l'on éprouve à ouvrir la lourde porte d'une église et à se trouver dans l'ombre froide, dans le silence, pour qui vient de la lumière sonore et violente du dehors. Puis l’œil s'habitue, avec le soleil qui entre par la porte restée ouverte et sur les vieux murs de pierre, des personnages rouges, jaunes, bleus, se laissent deviner prudemment, se mettent à exister, à raconter... Art populaire s'il en est, ces fresques alpines sont à contempler avec l'esprit de simplicité dont parle encore Rodin : "Tous les chefs d’œuvre seraient naturellement accessibles à la foule, si elle n'avait pas perdu l'esprit de simplicité..."

Photos ci-dessous : Olivier Joseph

 

Les tableaux

Cinq tableaux , restaurés en 2007, ornent les murs de la nef et du choeur :

- Notre-Dame du Rosaire, don d’Élisabeth Alliaud en 1886

- Les Pénitents, rappellent l’importance des confréries, associations de laïcs qui cherchent à gagner leur salut en pratiquant la dévotion et la charité et ont connu un important développement dans toute notre région. Très actives dès le Moyen Âge jusqu’à la fin du XIXe siècle, voire XXe, elles ont joué un rôle social fondamental durant des siècles

- Le Martyre de saint Laurent : Dans un décor d’architecture composite, tour médiévale à droite et colonnes à chapiteaux à gauche, saint Laurent, richement vêtu de son habit de diacre, les deux bras ouverts en signe d’acceptation de son martyre, est aux mains de deux bourreaux. L’un, dans un mouvement de torsion de tout son corps, lui assène des coups de bâton et le pousse vers le gril rougi par les flammes tandis que l’autre, un rictus aux lèvres, nourrit le feu de bûches de bois. Phrase écrite au bas du tableau : « Ce tableau a été restauré en 1848 par Astier peintre aux frais de Mr Pascallon sur les deniers de la paroisse. »

- Saint Jacques le Majeur : Reconnaissable à son bâton de pèlerin et aux coquilles qui ornent son manteau, saint Jacques, agenouillé dans un paysage de bois et de rochers, est en prières, le regard tourné vers le ciel.

- Saint Jean-Baptiste : le saint est représenté au centre du tableau, assis sur une banquette de terre qui domine un torrent dévalant des montagnes figurées au loin. De son bras droit levé, il attire l’attention, sa main gauche tient la croix sur laquelle s’enroule le phylactère portant l’inscription : « Ecce agnus dei » «Voici l’agneau de Dieu », termes par lesquels il désigne le Christ. À ses pieds, l’agneau semble l’écouter. Un tableau semblable se trouve à l’église St Apollinaire de l’Argentière-La Bessée.

 

Les cloches

La grosse cloche pèse 458 kilogrammes. Elle fut ramenée de l’église de Rame en 1444 et offerte à la paroisse de Notre Dame de La Roche. Elle se fêlera en sonnant le tocsin le 2 août 1914. Elle sera refondue en 1928.

La deuxième, plus petite date de 1854. Elle pèse 385kg, les coussinets 9kg et le battant 9kg. Le premier décembre 1854, le Conseil municipal « est d’avis que la cloche est bien faite, bien perfectionnée, qu’elle sonne parfaitement bien, qu’il est d’avis que le montant soit payé à monsieur Joseph Chastan ouvrier fondeur demeurant àGap » Les deux portent les effigies de Saint Laurent et de Saint Pancrace. C’est en frappant sur les deux cloches supérieures, que les hommes du village, accroupis sur la planche, sonnaient le glas.

Une autre cloche provient de la chapelle dépossédée de Notre Dame des Sept Douleurs du hameau du Serre. Elle porte le millésime 1608.

 

L’église fut classée monument historique le 24 décembre 1913.

 

Sources :

site du Patrimoine de La Roche-de-Rame

https://www.patrimoine-larochederame.fr/les-monuments/l-%C3%A9glise/

Hautes-Alpes insolites :

http://sylviedamagnez.canalblog.com/archives/2015/07/25/32392303.html